Voyage à Percé en vélo

Une image restera gravée dans ma mémoire; celle d'un aigle planant à basse altitude au-dessus de nos têtes alors que nous traversons la vallée de la Matapédia. À l'image de ce majestueux oiseaux, je me suis senti alerte et libre, naviguant discrètement parmi de magnifiques paysages, tout au long de cette première expérience de cyclotourisme. "Va jouer dehors!"

La genèse...
Seul dans mon appartement, je m'ennuie. J'ai quitté mon emploi et dispose donc de beaucoup, beaucoup de temps. La chaleur de l'été montréalais rend mon corps paresseux alors que mon esprit bouillonne d'idées. Approchant de mes 38 printemps, me prélasser au Parc Lafontaine parmi des déesses a demi dénudées ne m'enchante plus autant qu'à une époque maintenant trop lointaine. Je voudrais plutôt voyager et ce, sans saigner mes épargnes. Je suis en bonne forme physique. Je regarde alors mon vélo et lui dit: "toi et moi on va en Gapésie"!

Quelques jours plus tôt, j'ai fait Montréal-Granby en test routier. La chose s'est plutôt bien passée. La centaine de kilomètres parcourue n'a pas laissé de courbatures ou de douleurs particulières. Mon humble monture, un hybride de chez SOS vélo acheté voilà plus de cinq ans pour 200.00$ a lui aussi bien supporté l'épreuve. Il faut dire que la valeur de la selle équivaut à la moitié de l'ensemble! Pour le reste, mon sympathique voisin Alain m'a refilé les sacoches du fidèle copain Robert-Pierre. Celles-ci ont sans doute une bonne vingtaine d'années. Pas très tendance tout ça. Simplicité volontaire quand tu nous tiens...

J'ai tenté de convaincre une bonne amie, Stéphanie, de se joindre à moi. Il s'agit de la seule personne que je connaisse qui:
-Est libre de son temps étant en année sabatique;
-Aime faire du vélo, chevauchant un superbe DeVinci;
-Est assez folle pour accepter ce genre de proposition;
-De toute façon songe à entreprendre le même voyage.

Hélàs, elle refuse, me laissant seul à mon sort. Il me faut donc acheter une tente et peut-être un réchaud, seuls éléments manquants à ma liste. Quelques minutes avant mon dernier magasinage, nous discuttons à nouveau et cette fois-ci elle accepte. Chouette! En plus, elle possède une tente. Au diable l'inutile réchaud!

Tout de suite, je me permets de la remercier pour m'avoir fait apporter une tuque et un cache-col. Merci, merci, merci.

L'aventure...
Nous partons en voiture pour Magog où notre départ officiel aura lieu. Ceux qui noteront "ah mais Magog-Percé ce n'est pas Montréal-Percé" je leur dirai "mangez de la m...". Tout d'abord, Magog-Lévis et Montréal-Lévis, c'est très similaire en terme de distance. Deuxièmement, je suis convaincu que la densité de moustiques pour cet itinéraire est supérieur. Ce qui, même si notre masse corporel fut d'autant réduite, n'a pas rendu la chose plus facile pour autant.

Les parents de Stéphanie nous ont reçus dans leur magnifique demeure où nous avons pris un repas santé en vue de cet exploit où aucune erreur n'est permise. Mais bon, pour rendre l'aventure plus palpitante, nous avons bu et re-bu et je me suis même laissé aller à manger de délicieuses saucisses Merguez. Euh, nous sommes parti un peu plus tard que prévu, mais quel festin!

Nous voilà devant la murale du "Tigre Géant", quelques minutes après nos premiers coups de pédales. Premier accident aussi. Alors que j'avais plus en tête de ne pas oublier de retirer mon casque pour la photo que l'équilibre de mon destrier, celui-ci a subi la dure loi de la gravité (dura lex, sed lex) et mon quoique puissant mais bien seul index droit n'a pu retenir la bête, même au prix d'un centimètre de chair (j'ai encore la marque). Bref, je pissais le sang. Heureusement, mes cours de secourisme m'ont sauvé la vie une fois de plus. Mon orgueil par contre...

Notez que Fashion Stéphanie arbore fièrement des lunettes de soleil toute neuve griffée Zellers. Idem pour les gants.

La voie verte c'est des tables de pique-nique et des abris qui ne sont pas destinés à recevoir des campeurs. Vous comprendrez que la tente a été dressée uniquement à titre de comparateur de taille et que nous avons couché dans un hôtel cinq étoiles plutôt qu'employer gratuitement ce site magnifique. Stéphanie Blancheville nous montre qu'il serait possible aussi d'étendre du linge.

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Si nous avions couché ici, au lever du soleil (5h40), je serais sorti de la tente puis aurais enfilé TOUS mes vêtements en un temps record (et j'aurais béni Prévoyante Stéphanie pour ma tuque et mon cache-col), car il aurait fait frette en %$/@! à l'ombre des épinettes. Puis, j'aurais sacré contre les maringouins avant de désespérer de ne pas avoir acheté de réchaud. Me semble qu'une simple tasse d'eau chaude m'aurait réchauffé le coeur. Par contre, nous serions vite, très vite partis.

Alain et Lise furent rencontré à Lévis. J'ouvre une parenthèse ici afin de vous prévenir des indigènes vivant aux abords de cette jolie ville. Leur demandez des renseignements routiers est une perte de temps. Alors que nous cherchions à atteindre Charny de Saint-Rédempteur, on nous a répondu "En vélo!" ou "Ça se fait, mais c'est loin en sale". Par contre, de charitables personnes âgées nous ont attendu pour nous indiquer un spectaculaire pont suspendu. Bon, revenons à nos amis.
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Alain et Lise sont très sympathiques. Ils trainent un b.o.b. (remorque de vélo) et beaucoup de bonne humeur. À un point tel que nous avons accepté de les rejoindre sur un capitaliste terrain de camping. En échange d'un bout de pain, il nous ont donné du thé CHAUD! Vous remarquerez sur la photo que mon regard est dirigé non vers la bouteille de vin, mais bien sur le RÉCHAUD. Leur enthousiasme fut communicatif et nous a donné confiance en nos capacités. Nous les avons croisé à trois reprises lors du voyage. Ils avaient comme objectif Percé et nous avons appris qu'ils avaient réussi. Bravo et merci les amis! N'oubliez pas, le bonheur est (aussi) dans la confiture!

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Un autre endroit enchanteur où nous aurions pu camper (mais la chose étant illégale, vous comprendrez). Si nous l'avions fait, nous aurions eu la compagnie de quelques véhicules motorisés habités par de compatissants campeurs qui nous auront donné de l'eau (note mentale: comme il est pratique de voyager avec une fille charmante). J'ai pu cependant tester la patience de Stéphanie et lui demandant où trouverions-nous de l'eau pour effectuer le lavage. Je vous laisse trouver le dit élément liquide sur la photo. Serez-vous plus perspicace qu'Urbain Paulo?

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Note sur le lavage. Après 100 kilomètres sur son vélo, le cuissard de Paulo-sans-sous-vêtements, sent... comment dire... l'effort? Et le j'avais-pas-de-papier-hygiènique? Enfin, mettons que ça pourrait servir d'arme de destruction massive. Vive l'eau, le savon et la baignade!
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C'est un fait peu connu, mais après quelques jours à faire travailler ses jambes, le cyclistes grandit. On peut voir sur la photo que Stéphanie à passé de 5'4" à 12'9". Quant à moi, je fais sept lieux par enjambé!

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Plus sérieusement, se déplacer à vélo permet de voir bien des détails qui nous auraient échappé dans une trop rapide voiture. Ici, un élevage de chevaux nains. Ne sont-ils pas mignons?

IGA est l'ami des cyclistes. Sur le conseil d'Alain, nous avons pris l'habitude d'y faire nos emplettes. On y trouve toujours des toilettes, des tables à l'intérieur comme à l'extérieur, des plats préparés et de beaux fruits frais. Ici, Cordon bleu Stéphanie nous a préparé une savoureuse salade grecque.

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Note sur la nourriture. Un cycliste, ça mange. Ça mange en ?%$/@! Mettons l'équivalent de cinq repas par jour. Suite à une montée particulièrement éprouvante, et un peu écoeuré de manger froid, nous sommes arrêtés dans un petit resto genre hot-dog-hamburger-hot-chicken pour y manger un spaghetti. Il nous a semblé comme une vulgaire une entrée tellemente notre appétit était grand et nous en aurions pris une seconde portion. À 12.50$ l'assiette (avec taxes et pourboire), la facture pour nous combler se serait alors élevée à 50.00$ Pour du SPAGHETTI! Vous comprendrez que l'idée du réchaud commençait sérieusement à me torturer.

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Alleluiah! Nous avons enfin de l'équipement de cuisine. Alors que j'essaie tant bien que mal de protéger la flamme et de préparer quelque chose de potable, Dynamique Stéphanie monte un pare-vent à l'aide de bâches et des vélos. Hélios ne cesse de changer la direction de son souffle ce qui nous embête un peu, mais bon, rien n'arrête ma compagne de voyage. À preuve, le tronc d'arbre qui nous sert de mobilier fut récupéré à plusieurs dizaines de mètres de là, sous une pluie torrentielle.

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Double Alleluiah, je ne suis plus seul à apprécier la bière tiède. Stéphanie fait maintenant partie des adorateurs de la grosse Trois-Pistoles tablette. Amen!

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La Gaspésie c'est valloné, très valloné. C'est fou comment la ballade est différente en voiture. Mais, nonobstant l'effort à déployer, P'tit pignon Stéphanie garde le sourire. Ça doit être la bière.
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Nous aurions pu aussi dormir sur un site de neige usée où l'élément blanc était absent. Alors que la pleine lune se lève, Ingénieuse Stéphanie n'est pas en train de libérer ses intestins mais bien de cuisiner. Notez l'emploi d'un pare-vent fabriqué de ses blanches mains. Une rivière à proximité nous a permis de nous détendre.

Que faut-il pour entreprendre un tel périple? Un vélo de 2000.00$? De l'équipement digne de la NASA? Que neni. Un peu d'audace, de la bonne humeur, des chansons, le reste vient tout seul. Le cyclotourisme n'est pas une activité compétitive. Chacun y va à son rythme. Au début, nous effectuions 80 kilomètres par jour, à la fin, plus de 100. Ira Sutherland, un Vancouvérois qui en était à 88 journée parcourait 140 kilomètres par jour! Et ça, c'est une moyenne. Il nous a lui aussi encouragé par son exemple. Je vous invite à jeter un coup d'oeil à son blogue: http://irasutherland.blogspot.com/

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Ben oui, on avait quasiment toujours le sourire aux lèvres. Une vrai pub de dentifrice. C'est peut-être les combinaisons de ninja (ou la bière)? Contrairement aux préceptes de Montignac, l'activité physique viendra à bout du régime pâtes + bière. Sexy Stéphanie en est la preuve vivante.

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Nous aurions pu coucher ici aussi et se dire "qu'est-ce c'est beau, qu'il est doux de sentir l'odeur du large, d'entendre les vagues et les jeunes Gaspésiens faire la fête à trois heures du matin".
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Il est fier, il est beau, c'est Paulo qui sourit le temps de la photo, car les côtes finissent inévitablement par faire sortir un certain vocabulaire religieux pas tout à fait respectueux...

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La plage municipale de Chandler. Toujours de bonne humeur. C'est à croire qu'ils sont masos.

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VICTOIRE! Percé! Ni le froid, ni la faim, ni les @£$%6±! de côtes ne nous ont arrêtés. Au petit matin, après onze jours de route, nous voilà en vue de ce gros caillou troué. Youppi!

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Derrière la partie "attrape-touriste" de Percé, il y a une charmante église dotée d'un étonnant cimetierre. Par la suite, de beaux sentiers permettent d'atteindre une vue spectaculaire du rocher ainsi qu'une gorge féérique. Pourtant, nous y avons croisé bien peu de touristes. Il faut dire que l'ascension demande du souffle. Pas de problème pour nos deux aventuriers.

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L'artiste n'est jamais bien loin. Recette du bonheur: une chemise blanche, un chapeau de cow-boys et quelques millions de cailloux.

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Première crevaison... sous la pluie. En fait, première crevaison à vie. Il aura fallu 40 minutes pour effectuer l'opération (et un peu de patience). J'en ferai une seconde la même journée (pneu déchiré). Temps de réparation: 10 minutes!

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Et voilà, c'est la fin. Nous voilà bronzés et contents. De Chandler, nous effectuerons une quinzaine d'heures d'autobus pour revenir. Il y aurait encore beaucoup à écrire. On pourrait en faire un livre, voire un film où nos rôles seraient tenus par Sylvie Léonard et Patrick Huard. En ce sens, je demeure disponible pour l'écriture du scénario.
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Conlusion...
La vie est belle et il n'y a que le premier pas qui coûte à entreprendre son aventure. Être en santé, dans une région du monde où règne la paix et tant de richesse est une véritable bénédiction. Le cyclotourisme est une activité accessible, peu coûteuse où c'est une joie quotidienne que d'être à tout moment au plein air, tous les sens sollicités par du beau et du merveilleux.

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Et finalement, que Stéphanie est une jeune femme vraiment, mais alors vraiment super chouette. Muchas, muchas gracias bella!
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Matériel.

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Vélo:

-Gants

-Casque

-Système d'éclairage avant et arrière

-Huile

-Ensemble de réparation crevaison

-Chambre à air

-Outil multifonction (clés allen, tournevis, etc.)

-Clé à mollette

-Pompe

-Cadenas

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Vêtements:

-Chaussettes (3)

-Sous-vêtements (3)

-Pantalon/short

-Chandail "cycliste" (3) (dont un à manche longue)

-Polar

-Chaussette laine (1)

-Coupe-vent imperméable

-Pantalon imperméable

-Couvre-chaussures

-Casquette

-Cuissard

-Maillot de bain

-Gougounes

-Tuque

-Cache-col

-Sous-vêtements "thermiques"

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Hygiène:

-Petite serviette

-Savon

-Shampoing

-Brosse à dents

-Soie dentaire

-Rasoirs

-Papier hygiénique

-Déodorisant

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Camping:

-Fourchette, cuillère

-Bols

-Sac de couchage

-Tente

-Crème solaire

-Lampe de poche

-Corde 10'

-Canif (ciseaux, ouvre-boîte)

-Guenille (2)

-Épingles à linge

-Briquet

-Réchaud

-Casseroles

-Carte
-Boussole

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Autre:

-Jeu de go de voyage

-Appareil photo

-Élastiques

-Calepin, stylo

-Radio solaire

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Ce que j'aurais aimé avoir:

-Matelas de sol autogonflant. Nous avions de matelas de mousse qui sont plus gros et moins confortables... mais beaucoup moins chers (7.50$ au lieu de 100.00$).

-Le réchaud que j'ai acheté fonctionne au propane/isopropane/butane. À refaire, je choisirais un modèle à essence (plus facile à se procurer). Par contre, le prix d'achat est plus élevé.

-Un vrai vélo de cyclotourisme. Le guidon droit de mon hybride n'offrant qu'une position, ça devient lassant. Et puis, il y a le poids, la puissance de freinage, les changements de vitesse, etc. Mais bon, avec un budget limité, en autant que le vélo soit fiable, autant investir sur l'équipement (ou le billet d'avion?).

-Un appareil photo numérique (merci Robert-Pierre pour la numérisation).

-Un petit sac à dos.

-Des sacoches avant.

-Une plus grande connaissance de bonnes chansons, blagues, énigmes, etc.