L'important c'est le voyage, pas la destination

samedi, mai 03, 2014

Bagage pour la Nouvelle-Zélande

La lecture du blogue Ultralight Cycle Touring, l'article Zen and the Art of Brompton Touring et autres partages d'information quant à l'allégement du bagage à vélo m'ont interpellé. Dans le passé, j'ai souvenir de nombreuses fins de journée cyclotouriste où j'étais épuisé et conséquement affamé.

À titre d'exemple, je me rappelle avoir consommé ce repas, seul:
-450 grammes de pâtes;
-500 ml de sauce;
-250 grammes de fromage;
-500 grammes de saumon fumé;
-1 avocat;
-1 poivron;
-Autres légumes...;
-500 grammes de tarte aux pommes ;-)

Et pour ce cas particulier, quoiqu'incapable d'en ingurgiter plus, j'avais encore faim! L'activité m'est donc trop demandante.

Inconfortable avec cette réalité, j'ai souhaité valider si la réduction de poids du bagage aurait un effet perceptible sur la demande énergétique. Prévoyant un périple cyclotouriste de 6 semaines en Nouvelle-Zélande, c'était une excellente occasion de réaliser cette expérience.

Pour débuter, j'ai fait l'acquisition d'une balance afin de peser chaque pièce d'équipement. Cet exercice m'a fait réaliser que les portes-bagages et les sacoches comptaient pour beaucoup dans le poids total. De cette constatation, j'ai décidé de me restreindre à deux sacoches, donc un seul porte-bagage.

Deux sacoches, pas plus! Pas de sac de guidon, de selle, de cadre ou à l'avant. Deux sacs, par l'entremise de sangles, présentent le très grand avantage de voir tout le bagage pouvant être emporté en bandoulière lorsque l'on quitte le vélo tout en laissant les deux mains libres. Une efficacité particulièrement appréciable si l'on voyage seul.

Pour me permettre de faire du camping, avec deux sacoches, il devenait impératif de réduire le nombre d'objets afin de pouvoir loger la tente, le matelas de sol et le sac de couchage. J'ai compris que cette limitation pourrait devenir un avantage: Moins de pièces signifie moins de poids et de volume certes, mais aussi de temps perdu à chercher, ranger, nettoyer ou réparer. Pour un même budget, cela fait plus d'argent en moyenne par composante, donc une qualité générale supérieure.

Cette voie engendre un "cercle vertueux"; Les "contenants" et "supports" sont d'autant moins nombreux, lourds et volumineux, autoréduisant l'ensemble des bagages.

Voici en détail les composantes de mon équipement.


1. Sacoches.
Les sacoches Arkel Dauphin, modèle 2012, furent mon choix. Imperméables et résistantes, chacune offre en plus de son grand compartiment principal, un secondaire, plus accessible, idéal pour les petits objets (porte-monnaie, téléphone, chargeur, grignotines, lampe frontale, etc.). En plus, il y a aussi deux pochettes, parfaites pour les bidons, et un espace entre les deux compartiments. J'apprécie particulièrement l'ingénieux système d'attache, très solide, permettant de retirer la sacoche d'une seule main. En regard du volume de mon bagage final, l'espace total offert m'a permis d'y loger mon casque!
Arkel dauphin 48 L

2. Porte-bagages.
Puisque je n'avais plus qu'un unique porte-bagage, je me suis offert un Tubus Logo en titane, irréprochable à tout point de vue autant en terme de poids que de résistance.



3. Porte-monnaie.
Un produit MEC conçu pour être porté à la taille avec une ceinture, il peut m'accompagner même si je n'ai qu'un cuissard. Le cas échéant, à l'arrêt, je le glisse à l'avant, comme un sporran et pour les mêmes raisons; certaines situations se prêtant mal à l'exposition des formes des parties génitales ;-)

Quoique non imperméable, le coupe-vent le recouvre complètement. Il disparaît aussi sous les pantalons de pluie.

Il contient:
Calepin;
Stylos;
Stylet (pour les écrans tactiles);
Cartes (crédit, guichet, permis de conduire, etc.);
Argent (billets et monnaie);
Clés;
Passeport;
Autre documents (billets de train, d'autobus, reçus, etc.).

Si besoin, le téléphone y entre.


4. Téléphone.
Pour les usages notons:
Caméra;
Cartes routières:
   MapsWithMe + GPS;
   Google Maps + WIFI;
Guide de voyage (GuideWithMe);
Notes (Kingsoft Office);
Courriels;
Warmshower;
Web;
Audio (balados, musique, livres audio);
Lecture;
Jeux.

Un Samsung Galaxy III équipé d'une batterie Zerolemmon 7000 mAh fut mon compagnon. Son écran est suffisamment grand pour être confortable à moyen terme et la pile accordait une semaine d'autonomie en étant sage. À l'usage, deux piles standard auraient peut-être été plus pratiques.

Les copies de sauvegarde des photos et des textes étaient portées sur une clé usb grâce à un câble otg.

Pour des raisons évidentes, je ne saurais trop recommander un étui convenable pour protéger l'appareil des impacts et de l'eau.


5. Cuisine.
Je n'ai pas apporter de réchaud. Par le fait même j'ai aussi abandonné le réservoir, le carburant, la trousse d'entretien et de réparation, les pièces de rechange, les gamelles, chaudrons, couvercles, passoire, spatule, ainsi que tous les ingrédients se rapportant à la cuisson.

Ma cuisine est maintenant ainsi composée:
Planche à découper;
Bol;
Cuillères et fourchette en plastique;
Couteau (canif multi-usages: lames, tire-bouchon, ouvre-boîte, décapsuleur, ciseaux, etc.);
Bidons.

Si j'ai besoin d'un second bol, par exemple pour une salade, un sac de plastique dans le casque fait l'affaire.

De par les opportunités offertes par mes hôtes Warmshower et du fait que tous les campings disposaient de cuisinières, j'ai mangé un repas chaud à tous les jours et, exclusion de l'aéroport et de l'avion, n'en ai pris de complets dans aucun restaurant.

À refaire, j'emporterais un petit chaudron en titane, son couvercle et une tasse pliante. Dans certains campings, ces accessoires ne sont pas offerts de facto et l'on dépend de la bonne volonté du personnel ou l'on doit débourser quelques dollars pour en obtenir. Dans un cas, rien n'était offert (la réponse du préposé ayant été entendu par un généreux couple de cyclotouristes, ils m'ont prêté une de leurs casseroles).


6. Nuit.
Pour ces trois morceaux, je n'ai retenu que du très léger. La tente est une ZPacks Solo Plus: 612 grammes tout compris. Le sac de couchage est de même provenance; 544 grammes (un peu trop chaud). Quant au matelas de sol, il s'agit d'un Thermarest Xlite: 383 grammes. Total: 1539 grammes. Le sac de couchage est rangé avec les vêtements propres dans le même sac de compression.





7. Outils.
Une paire de pince, un outil multifonctions (clés allen, clé à rayons, dérive-chaîne, tournevis, etc.), une pompe avec manomètre, de quoi réparer des crevaisons, deux chambres à air, quelques rayons, un câble pour le dérailleur arrière, des tyraps, du ruban adhésif, du lubrifiant pour la chaîne et quelques écrous et boulons me semblent suffisant pour venir à bout des problèmes mécaniques les plus probables.


8. Vêtements.
L'équivalent de trois ensembles pour rouler (afin de survivre à deux jours sans lavage), pantalon, veste de laine polaire, souliers confortables munis de cales, gougounes, casquette et un "buff" en laine mérino (faisant office de cache col, de tuque et de bandeau pour dormir de jour). À refaire, des sandales à cales en remplacement des souliers m'aurait permis de ne pas apporter de gougounes. Je pourrais aussi réduire ma quantité totale de vêtements en employant plus de produits en laine mérino, ces derniers ne réquérant pas un lavage quotidien.


9. Pluie et froid.
Des couvre-chaussures, des pantalons et une veste en gore-tex protège de la pluie et du froid efficacement, autant à pied qu'à vélo, en autant qu'on pédale sur un rythme plus lent pour éviter de trop suer.


10. Cadenas.
Les roues sont protégées par des verrous Pinehead. Un câble et un cadenas en U permettent d'attacher le vélo à n'importe quoi. À refaire, un gros cadenas aurait pu remplacer le U, économisant poids et espace.


11. Autre.
Du Dollarama, j'aime bien le sac de type filet. Lorsque la tente est humide, je la range dans ce dernier et installe le tout sur le porte-bagage. Idem pour les vêtements demandant un peu de séchage. Il est aussi employé pour les courses ou pour emporter quelques effets lors d'une randonnée pédestre. Peu coûteux, léger, solide, facile à réparer, c'est un bon compagnon.


Mon rétroviseur est du type que l'on installe sur la monture des lunettes. Il est efficace, léger et n'a jamais été endommagé.


Un filet de tête protège efficacement des moustiques et évite de s'enduire des répugnants liquides recommandés contre ceux-ci.


Conclusion.

Pendant mes 6 semaines en Nouvelle-Zélande, je me suis déplacé à une vitesse moyenne bien supérieure à mes voyages précédents et surtout, les montées étaient beaucoup plus faciles. Je suis arrivé plus tôt, moins fatigué et moins affamé à destination. La partie tourisme du voyage est devenu conséquement plus profitable. Et puis, lorsqu'il fut nécessaire de parcourir de plus grande distance que prévu, ce fut bien moins exigeant.

Anecdote: De tous les cyclotouristes rencontrés, plusieurs dizaines, je fus le moins chargé (la majorité s'étonnait même d'apprendre que je campais en voyant mes deux sacoches).

Autre avantage; Je n'ai pas eu à payer de supplément pour le transport du vélo et des bagages en avion.

Au niveau des inconvénients, mis à part le fait de ne pas avoir de réchaud, et encore, je n'ai rien à dire. Je n'ai pas vécu d'inconfort par rapport à l'usage de 4 sacoches. La bicyclette n'était pas particulièrement déséquilibrée, la fréquence de crevaison ne s'est pas accrue (en fait aucune sur plus de 2000 km avec des pneus Marathon Supreme taille 28) et aucun objet ne m'a manqué.

En apportant quelques modifications mineures, 1 kilo aurait pu être retranché facilement, amenant le total du poids de l'équipement à moins de 12 kilogrammes (incluant ce qui est porté sur soi). Mais déjà, sans être trop spartiate, les deux sacoches pleines se transportaient assez bien, notamment s'il n'y avait pas trop de nourriture à l'intérieur.

Un nouvel horizon apparaît, soit de ne plus employer une vélo dit de cyclotourisme, à tout le moins d'alléger ma monture. Par exemple, n'ayant plus de charge à l'avant, la jante Mavic A719 apparaît définitivement "Overkill". Présentement, la bête pèse un peu plus de 13 kilos. Par contre, il m'apparaît important de souligner deux points:
1. Mes pneus de 28 était limite. J'ai même dû renoncer à une visite en raison d'un chemin de grosses pierres (il aurait fallu au moins du 32).
2. Le vélo a voyagé plusieurs heures dans la soute d'un autobus où il s'est retrouvé sous une montagne de gros sacs à dos. Quoiqu'aucun dommage ne fut à signaler, je doute qu'une monture plus chétive aurait survécu sans heurt à l'épreuve.

Je suis encore très loin des voyageurs "ultra-léger". Il y a de ces compromis que je ne suis pas prêt à effectuer. Par exemple, ne plus apporter de savon, de dentifrice ou de déodorant pour économiser leur poids m'apparaît discutable du point de vue coût bénéfice. Dans l'absolu, l'exercice a permis de retirer plus de 10 kilos de bagage, grosso modo la moitié de ce que j'emportais précédement.