Montréal - Boston ou à la recherche de la coupe Stanley

Alburg - 102 km / 102 km
5h00! Puisque je voyage seul cette fois-ci, je serai des plus spartiates. Lever avec le soleil, aucun matériel superflu, pas de patates frites ni d'alcool. Le Vermont sera-t-il le paradis promis des cyclistes? Vais-je m'ennuyer sans compagnon? Les Amaricains, ils l'auront-tu l'affaire?
L'itinéraire de la première journée m'est en partie bien connu. Pont Jacques-Cartier, Longueuil, la spirale, Chambly et St-Jean-sur-Richelieu. Après, c'est le mystère. J'ai bien tenté de me dessiner un parcours, mais j'ai été confus par toutes les propositions. Il y en a autant qu'il y a de cyclistes. Un peu d'improvisation sera bénéfique.
J'ai tout de même opté pour passer la frontière au poste Noyan-Alburgh. Et c'est sur fond de canicule que je me dirige vers cette première étape. La chaleur est sévère et mes réserves d'eau doivent être renouvellées régulièrement. Je commets l'erreur d'en prendre d'un tuyau d'arrosage. Pouah, quel épouvantable goût de caoutchouc!
La section Sabrevois-Noyan est dépourvue d'accotement. Même si le traffic est réduit, je garde un oeil sur mon rétroviseur, un ami qui m'a déjà sauvé la vie.
Arrivé à Noyan, il me faut de l'eau. Je vois une dame près de la bibliothèque municipale. Elle m'indique que le bâtiment est fermé, mais me donne une bouteille du précieux liquide. Et froide en plus. Merci. merci, merci!
Puisqu'il est près de midi, je considère plus sage de profiter de l'ombre d'un parc tout proche. Je mange un peu et bénéficie d'une petite sieste. Ma bouteille étant vide, l'itinérance reprend. Et puis, je ne sais combien de temps devrais-je attendre au poste frontalier.
Je passe au dépanneur du camping à la recherche d'une récompense alimentaire. Le chose la plus saine étant du Sunny Delight, je passe mon tour. J'achète tout de même de la créme solaire, en aérosol (le seul choix disponible), ayant perdu la mienne dans la journée (d-oh!).
24/7/2011
Little River State Park - 114 km / 216 km
La damnée bombe aérosol de crème solaire ne contient plus de gaz. Maudite cochonnerie! En la retournant tout en appuyant sur le tube je parviens à en extraire quelque gouttes. @#$%!
"No vacancy". Voilà ce qui est affiché à l'entrée du Little River State Park. Je tente ma chance
Le State Park est vraiment la solution pour le campeur solitaire. C'est très, très beau, ça sent bon, on entend les oiseaux, quelle bonne idée! Et puis, les campeurs me semblent plus sympathiques. Pas d'autres cyclistes par contre.
25/7/2011
Silver Lake State Park - 100 km / 316 km
Ah, les Appalaches. Ça forme le mollet et la cuisse. Avec mon 60 livres de bagages, c'est un bon exercice. Je médite régulièrement sur d'éventuelles économies de poids...
Eh oui, je prends deux déjeûners par jour. Un léger, en démontant mon campement à 5h00 (biscuits, noix, fruits séchés) et un second plus consistant vers 8h00 (tartines de beurre d'arachides et dattes).
En fin de journée, je suis un peu fatigué et suis très vigilant pour ne pas manquer le parc. J'arrive à Barnard et ne l'ai toujours pas vu. D-oh! Je demande donc à un vieil homme dans mon anglais au fort accent saguenéen où est le "Silver Lake State Park". Il me répond que s'il y avait eu des serpents, il y a longtemps qu'ils m'auraient mordu. Hum... Par chance, des passants plus sagaces m'indiquent vers où dois-je me diriger. Je ne manque d'indiquer au vieux sage que je porterai attention aux vipères et m'élance courageusement.
À la douche, je remarque qu'il n'est pas possible de se laver pour plus de 37.5 minutes. Hum...
26/7/2011
Mount Sunapee State Park - 88 km / 404 km
Grasse matinée. À 5h00, il pleut en @#$%, je dors donc jusqu'à 5h45! Quelle honte... Je démonte rapidement la tente et pars tout de même content d'être bien sec.
Je pense à Nietzsche: "Affamée, violente, solitaire, sans Dieu : telle est la volonté du lion". Ça doit être la faim. Je cherche donc de quoi me sustenter sainement et demande l'avis d'un États-Uniens à ce titre. Le badaud réfléchit longuement et me donne la direction pour le plus proche Wall-Mart. Hum...
Je passe devant l'établissement représentant le capitalisme absolu, mais ne peut me résigner à pénétrer dans ce temple de la consommation. La mort plutôt que le déshonneur. La providence m'est généreuse et un petit épicier me servira admirablement plus tard.
Tiens, une côte. Une @#$%! de côte. N'importe qui de bien portant aurait demandé un second avis avant de réaliser cette ascension. Pas votre cyclotouriste faible d'esprit. @#$%! @#$%!!! Je suis sur la bien nommé High Street. @#$%! Presqu'en fin, je vois de lipideuses créatures émergeant d'un tout aussi léviatanesque véhicule. Quoiqu'encombrés de tonneaux de Mountain Dew et autres aliments calorifiques, ils m'assistent en confirmant que je suis bel et bien égaré. Entre les sacs de croustilles et les boîtes de gâteaux, ils me prodiguent moult conseils et je peux reprendre à m'en faire exploser les muscles. Pendant un bref instant, deux mondes parallèles se sont rencontrés. Un évènement cosmique! Un effet collatéral de l'usage du grand collisionneur de hadrons?
Mt. Sunapee State Park. Enfin! Deux chemins s'offrent à moi: "Beach" ou "Park". Je choisis "Park". Quelques kilomètres plus tard, me voilà dans un stationnement asphalté aux dimensions cyclopéennes. Autour, de grands bâtiments. Mais où suis-je donc? Ah, je remarque les pentes de skis. Ceci explique cela. Je repars donc et aperçoit une affiche présentant une tente au bas d'une pente. Montons.
@#$%! Spartiate vous avais-je dit plus tôt? Tel Leonidas dans "300" j'hurle "This-is-MADNESS!". Des kilomètres de montées, à plus de 10%, où l'alsphalte disparaît. Je pédale dans les roches et le sable. Je bascule dans la folie une fois en haut, car (voir photo)...
J'ai comme un deuxième doute. Et s'il n'y avait pas d'eau? @#$%! Je pars à la découverte du parc. Le premier emplacement est innocupé, mais surtout, il y a un robinet... fonctionnel! Et moi qui allait boire mon urine. Une autre fois alors.
Plus confiant, je poursuis mon exploration et rencontre deux employés. Ils sont abasourdis. Ils n'ont jamais vus de cycliste ici. Je crois qu'ils n'ont même jamais vu de cyclotouriste. Ma naïveté envers la dame les surprend autant. Ils vont s'enquérir de son honnêteté et me confirme que je peux prende l'emplacement 1.
Tiens, le retour du camion. Je fais signe à la dame et elle sort de son véhicule pour me remettre mon change. Quelle leçon de moralité. Bravo et merci! Et dire que je ne la reverrai sans doute jamais. Un autre moment magique.

Je m'habille, lave mon linge et commence à sortir le nécessaire pour faire mon souper alors qu'arrive encore de la visite. C'est Mike, l'un des employés rencontrés précédement. Il m'apporte le formulaire d'enregistrement. Il est est plus détendu et nous avons le temps de discutter un peu. Non, il n'avait jamais vu de cyclotouristes.
Après la vaisselle, inspiré par Robert Blondin, je pars "marcher seul, dans la nature, à la recherche de mes tendresses".
Serein, je prépare l'itinéraire de demain et vais m'étendre dans ma tente. La pluie débute, devenant de plus en plus intense, emportant ma conscience...
27/7/2011
Bear Brook State Park - 91 km / 495 km
La route me semblera plus descendre que monter jusqu'à Concord. J'y arrête à la bibliothèque municipale pour obtenir un ordinateur avec accès internet. Je discutte avec quelques États-Uniens. Une autre belle journée quoi.
Ça se terminera un peu moins bien. À partir d'Allenstown, il faut faire 5 kilomètres sur Deerfield Road. Une route sans accotement, assez vallonée, au traffic élevé, dont beaucoup de camions. Je ne recommande pas cette portion aux cyclistes. C'est trop dangereux. Ensuite, il faut faire un autre 5 kilomètres pour atteindre l'emplacement de camping. Déception, les terrains offrent peu d'intimité.
La bonne chose de ce parc est le grand nombre de sentiers pédestres. J'en profite donc.
28/7/2011
Boston - 138 km /635 km
Longue journée. Le traffic s'intensifie, je me perds un peu. J'arrête à Lowell. Un étrange mélange de perle culturelle et de ghetto. Je souhaitais y dormir, mais un grand évènement folk a fait disparaître toutes les chambres d'hôtel. Je poursuivrai donc jusqu'à Boston, sans problème.
Conclusion.
Paradis des cyclistes? Mouais, mettons pour les "mangeux d'alsphalte". La partie tourisme fut peu excitante (si on exclut Boston). Traverser les montagnes est tout de même éprouvant lorsqu'on est bien chargé. Finalement, même si les routes sont meilleures qu'au Québec et les automobilistes plus respectueux, j'ai souvent roulé avec pas d'accotement.
J'oubliais... j'en ai profité pour baptiser mon vélo: Fidel! :-)